Transition écologique : des acteurs de l’insertion partagent leur expérience

La transition écologique offre un potentiel pour l’insertion sociale; quelles pratiques concrètes actuellement à Genève ? Des entrepreneurs et acteurs sociaux présentent leurs démarches.

Synthèse de la conférence du 28 avril 2021 dans le cadre du MISO 2021 – semaine 2, Insertion sociale et professionnelle, ISEP, par Stéphane Herzog

La cuisine démocratique, avec Walter El Nagar et Rina Gjilani, Fondazione Mater

Pour le chef italo-égyptien Walter El Nagar, la cuisine gastronomique peut permettre de lutter contre la pauvreté. Le fondateur de l’association Mater a développé un modèle où le prix payé par un client finance des repas pour 10 personnes dans le besoin. C’est cette formule qu’il a utilisée dans son restaurant genevois Le Cinquième Jour où chaque samedi, la brigade cuisinait gratuitement pour des personnes défavorisées, réfugiés, adolescents en rupture. Walter El Nagar travaille au lancement d’un restaurant à Genève, le Refettorio. Ce lieu offrira des repas cinq jours par semaine.La démarche du chef est non seulement d’offrir des plats gastronomiques à des gens qui traversent des difficultés, mais aussi de créer un lieu de formation et d’intégration. En 2020, Mater a collaboré avec l’Armée du Salut et Serve the City. La fondation et des bénévoles ont préparé 200 repas par jour pour les structures d’accueil de la ville de Genève.

L’innovation au service de la durabilité avec Bernard Girod, entreprise Serbeco

Bernard Girod, patron historique du groupe Serbeco, a développé toute une série d’activités, qui vont d lavage industriel de gobelets consignés à la production de pellets à bois pour le chauffage. Pour cet entrepreneur, le développement durable est un business. L’insertion professionnelle s’insère dans une logique économique classique. Serbeco forme et engage des anciens détenus, des personnes issues de la migration et des chômeurs en fin droit. Les salaires sont basés sur les conventions collectives. Bernard Girod cite le cas d’une personne migrante embauchée chez Mobilitri SA. Elle a quitté son foyer d’accueil et vit en ville avec sa famille. Pour cet entrepreneur, le secteur public devrait favoriser ce travail d’intégration lorsqu’il attribue des mandats. Le prix du service ne devrait pas uniquement primer. Le facteur social doit faire partie des critères.  

Projet « Cantons zéro chômeur » avec Dominique Froidevaux, Caritas-Genève

Directeur de Caritas Genève, Dominique Froidevaux a abordé la question du chômage de longue durée, récusant au passage l’idée que le plein-emploi existe à Genève. Il a évoqué le travail mené par les antennes romandes de Caritas dans le cadre d’une opération nommée  «Cantons zéro chômeurs ». Les chômeurs de très longue durée sont plus de 10’000 en Suisse francophone. L’absence de perspectives les isole et s’avère destructrice pour eux. L’anlayse menée par Caritas débouche sur plusieurs conclusions. Parmi lesquelles le fait que :

  • Les personnes dites « inemployables » ne se voient pas comme telles ;
  • Leur potentiel doit être mis en valeur sur la base du savoir-faire ;
  • L’assignation à un travail n’est pas suffisante, elle nécessite un accompagnement ;
  • Une agence d’inclusion pourrait préparer l’accès à des postes.
Vélo et insertion, avec Yann Grand, GenèveRoule !

Yann Grand, le directeur de Genève Roule ! a évoqué les mutations de son service de prêt et de réparation dédié à l’insertion socio-professionnelle. L’association doit s’adapter au passage vers une économie du prêt et du self-service portée par des applications numériques. Le travail d’insertion nécessite l’intégration d’un nouveau vocabulaire. Les personnes au travail doivent par exemple apprendre à remplir des contrats. Genève Roule! joue accompagne les bénéficiaires avec des conseils sur la recherche d’emploi. Elle fournit une adresse e-mail aux personnes, leur apprend à scanner un document ou à se présenter dans une visio-conférence.

Non à l’Obsolescence programmée, avec Thomas Puttalaz, NoOPS

Thomas Puttalaz, président de l’association suisse NoOPS – pour non-obsolescence programmée – a évoqué la débauche d’énergie et de matière engagée dans la production de Smartphones. Le gaspillage provoqué par l’obsolescence programmée est énorme. Ce phénomène est large et concerne un ensemble de pratiques qui aboutissent au renouvellement régulier d’appareils connectés. Les Smartphones délaissés peuvent être mise à profit dans des circuits de recyclage. Les recycleurs doivent trouver des parades pour échapper aux systèmes «captifs» développés par les fabricants. Le tri et la récupération de pièces détachées est l’une de ces stratégies. NoOPS fournit ainsi l’association Réalise avec du matériel électronique.

N’hésitez pas à visionner la vidéo de la conférence ici

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