Compétences émotionnelles : une ressource pour le pouvoir d’agir

Les émotions une compétence pour le pouvoir d'agir

Emotions : vulnérabilité ?

Souvent redoutées, ressenties comme des vulnérabilités, les émotions sont au contraire des ressources fondamentales pour développer et ancrer notre pouvoir d’agir. Que sont les Compétences émotionnelles ? En quoi peuvent-elles être utiles dans l’activité professionnelle ? Comment « ré »-agir tout en se préservant de l’épuisement ? Cette « Conférence participative » menée le 10 mai 2021 par Donald Glowinski dans le cadre du MISO a permis de se sensibiliser au rôle des émotions dans le cadre professionnel en les considérant comme des compétences spécifiques. Cette rencontre constituait également le 3ème volet de la formation « Vos compétences émotionnelles : une ressource pour agir en situation professionnelle ! » un cursus dirigé par Donald Glowinski à l’Université de Genève. La vidéo de cet événement est en ligne sur notre chaîne Youtube : socialup.geneve

Compte-rendu de la conférence-action du 10 mai 2021

« Emotions et vulnérabilités : comment agir ? »

Au moment où la vague de la crise sanitaire semble refluer, les personnes actives dans le champ du travail social font face à plusieurs défis. Les émotions sont toujours là. Les ajustements mis en place pour faire face au confinement ne tiennent plus. Les grands projets doivent être réexaminés et les situations difficiles d’avant la crise n’ont pas disparu. En résumé, les équipes et les directions doivent désormais aborder les problèmes spécifiques et nouveaux qui ont été générés par la crise sanitaire.

C’est là que peut intervenir utilement le Développement du pouvoir d’agir (DPA). Durant ce séminaire, Donald Glowinski, le directeur du programme «Compétences émotionnelles en situation professionnelle» à l’Université de Genève, a rappelé les grandes étapes du DPA, un processus d’analyse et d’action qui passe notamment par la mise en place d’un langage commun. Cette démarche globale, DPA PC, pour Développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités a d’ailleurs été le thème de la dernière semaine du MISO 2021.

A la source, l’émotion est décrite comme un signal qui habite et guide n’importe quelle décision. Elle constitue un stimulus qui apporte une information. Elle fonctionne comme une antenne- Problème, dans le travail social notamment, l’expression des émotions est souvent inhibée.

Organiser un processus pour accompagner les debriefings

Bonne nouvelle : le DPA s’apprend. Il met en œuvre des compétences, dont notamment la régulation et la gestion des émotions. Il est possible de s’y former. L’analyse des émotions et leur verbalisation est au cœur du DPA. Mais le pouvoir d’agir nécessite d’être organisé et structuré. Dès lors qu’un debriefing a lieu, celui-ci devrait intégrer un relai avec le travail lui-même. Les périodes de confinement ont augmenté le stress et l’isolation des travailleuse et travailleurs du social. Un flou temporel s’est installé. Le travail de DPA doit permettre aux individus de se projeter dans l’avenir à partir d’un ancrage commun. Il nécessite l’identification des facteurs de stress et de l’hyperactivité déclenchée ou renforcée par la crise. Les équipes sont amenées à répertorier les ressources disponibles. Cet effort de reprise en main doit donc s’intégrer dans une stratégie globale de l’entreprise.

Une période de post-crise demande également un temps consacré à la récupération. Ce souffle offert aux collaborateurs doit être organisé. La mise en parole des ressentis doit également permettre de mettre en lumière d’éventuelles frustrations liées à l’engagement inégal des uns et des autres durant la crise. Les stratégies d’adaptation au confinement peuvent utilement être discutées. En effet, la gestion du temps et des modes de travail ont été bouleversés. Idem pour le rapport aux usagères et usagers. Les ressentis ont aussi divergé. Certains ont pu tirer bénéfice du calme offert pour travailler. Des sentiments d’abattement, de lassitude ou d’apathie ont envahi certaines personnes. En outre, la mobilisation des travailleurs alors que le labeur à distance continue représente un véritable défi. 

La nécessité de « regarder sous le tapis« 

La retour progressif vers une certaine normalité doit également être l’occasion de regarder «sous le tapis». En effet, la crise a balayé la poussière mais sans la faire disparaître. Ainsi, des questions récurrentes, comme par exemple celles liées à la pression du reporting dans le travail social ou aux injonctions paradoxales, doivent être prises en compte. La hiérarchie peut être interpellée par les équipes. Elles peuvent par exemple aborder des  questions qui ont trait à la délégation de certaines tâches.

Des pistes pour favoriser le pouvoir d’agir

Le séminaire du 10 mai mené par Donald Glowinski a permis aux participants de dégager eux-mêmes des pistes favorables pour le DPA. Parmi elles :

  • La mise en place d’objectifs communs ;
  • La création d’une «météo de l’humeur », avant et après certaines séances de travail ;
  • La configuration d’espaces d’accueil et de réflexion ;
  • L’organisation de moments informels entre collègues pour renforcer la cohésion d’équipe ;
  • La formation du management aux compétences émotionnelles ;
  • La formation des cadres à l’écoute et à la facilitation de l’expression des émotions ;
  • La mise en place d’espaces de discussion avec les usagers, pour pallier la déconnexion forcée par le confinement ;
  • L’instauration d’un climat de travail sécurisé, qui permette un accueil inconditionnel des émotions, sans jugement ;
  • Le développement du «defusing », qui vise à apporter une aide d’urgence face  des blessures psychiques ; 
  • La permission donnée aux travailleurs de s’isoler un moment, de dire non et donc de se protéger quand le besoin s’en fait sentir.
  • La mise en place d’une gestion flexible du télétravail, qui favorise une gestion des horaires basées sur la confiance.

Stéphane Herzog


Pour visionner la conférence-atelier sur notre chaîne Youtube socialup.geneve : https://youtu.be/jXEMRhDYzIQ

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