MISO du 19 avril 2021- Conférence donnée Par Thomas Gauthier, Professeur à emlyon business school, conseiller scientifique à Futuribles International, co-fondateur de l’Ateliers des futurs.
Compte-rendu François Chamorel
Pour la prospective, l’avenir est un outil pour lequel on construit des scénarios pour questionner le présent. Plus les questions seront inédites, plus les réflexions seront pertinentes.
Un peu d’histoire
La prospective a pris de l’ampleur avec les débuts de la guerre froide, lorsque les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki ont fait prendre conscience à l’humanité qu’elle possédait ses propres déterminismes, son propre pouvoir d’autodestruction. Il s’agissait alors d’envisager le pire et de l’anticiper.
Dans les années 50, par exemple, l’US Air Force a fait appel à un spécialiste pour penser l’impensable, imaginer les scénarios d’une utilisation des armes nucléaires.
Lors de la Chute du Mur, devant le libéralisme triomphant, Thatcher a déclaré : « Il n’y a pas d’alternative. », sous-entendu il n’y a plus d’opposition idéologique, il n’y a plus d’Histoire.
Le retour de la prospective
Le dérèglement climatique observé depuis une cinquantaine d’années et devenu maintenant très prégnant a remis la prospective en avant, car les incertitudes se sont multipliées. Aménagement du territoire, stratégies commerciales, tout le monde est concerné.
Des acteurs puissants de la planète sentent le vent commencer à tourner. Mark Carney, ancien gouverneur de la banque d’Angleterre, estime que la tragédie du dérèglement climatique s’inscrit dans une temporalité qui n’a rien à voir avec celle de notre développement socio-économique. Larry Fink, patron de BlackRock, un des plus puissants fonds d’investissement, a annoncé via sa newsletter aux grands entrepreneurs, qu’il ne placerait plus un centime dans les entreprises qui ne feraient pas preuve de résilience (en gestion d’entreprise, la résilience organisationnelle est la capacité à se réorienter en fonction d’éléments catastrophiques).
La prospective prépare à des scénarios très contrastés et sans précédents jusqu’à aujourd’hui. Les entreprises et les pouvoirs publics doivent anticiper les risques et les opportunités de la transition qui se présente. C’est une prospective au service de l’imagination au bénéfice des collectivités.
A qui s’adresse la prospective ?
Tout autant aux collectivités territoriales, aux entreprises ou aux associations. Genève 2050 en est un exemple tout proche. Cette démarche initiée en 2017 poursuit une réflexion collective et inclusive autour des futurs possibles et souhaitables pour Genève.
Comment engager une démarche de prospective ?
- Organisation apprenante
- Environnement transactionnel ou direct : clients, fournisseurs, concurrents, investisseurs, régulateurs
- Environnement contextuel ou général : politique nationale et internationale, démographie et société, environnement et ressources, économie et finances, progrès technologiques, etc.
La prospective est un apprentissage en continu. C’est pourquoi le commanditaire de l’étude, je l’appelle l’organisation apprenante. Pour elle on va créer les conditions d’une exploration, d’une enquête au sujet des futurs possibles. On rompt avec l’idée qu’il n’y aurait qu’un seul futur. C’est-à-dire que nous restons bel et bien acteurs de notre avenir.
Autour de l’organisation apprenante, il y a tous les acteurs avec lesquels elle entretient un rapport direct et qui vont interagir avec elle. C’est l’environnement transactionnel direct. On parle également d’écosystème. Par exemple à Genève l’action sociale est un écosystème où on trouve l’Hospice général et bien d’autres acteurs qui interagissent mais qui tous, subissent des forces politiques, économiques avec lesquelles il doit composer.
Enfin, comme son nom l’indique, l’environnement contextuel est constitué de forces qui façonnent l’environnement ambiant et sur lesquelles on n’a pas de prises directes.
La mise en pratique
Comment imaginer les scénarios et ne pas s’en tenir aux seuls critères auxquels nous sommes attentifs ?
Quels types de profils sont impliqués dans ce type de démarches ? Le terrain est-il concerté ?
A consulter:
latelierdesfuturs.org